JardiNation by Coloco : un nouveau visage pour la place de la Nation
- barbara.stettler.archi
- 4 juil. 2017
- 4 min de lecture
“Apaiser l’espace public” C’est le projet de la Mairie de Paris qui a lancé un appel à projets pour réhabiliter les grandes places de la Capitale.
Aujourd’hui le chantier de la place de la Nation est en route, et de nombres ateliers participatifs voient le jour pour améliorer cette place historique. Pablo Georgieff associé du Collectif Coloco chargé du projet, nous raconte la mise en marche du processus de réhabilitation...

Quelle fut l’origine du projet ?
la ville de Paris a lancé un appel d’offre pour la co-conception et la co-construction par des collectifs pluridisciplinaires de 7 places parisiennes : Nation Italie ,Madeleine Panthéon, Places des fetes Gambetta, place de la bastille. Notre équipe a remporté l'appel d’offre pour la Nation. Suite à cette étape, une phase de concertation qui a duré deux ans, a mobilisé les conseils de quartier, les riverains afin de choisir le scénario : l’agrandissement de l’anneau central de la place.

Qu’entendez vous par le travail de co-conception ?
On travaille avec une méthode que l’on nomme l’invitation à l’oeuvre. On incite les habitants, les usagers, les gens qui passent parfois même de l’étranger (des étudiants de New York sont même venus travailler avec nous) à “Faire”, à prendre part physiquement à la transformation de la place. Au cours de ce travail on discute du projet, on ajuste en tenant compte des propositions émises par le public.
Au cours de cette phase co-conception éco-construction on rencontre chemin faisant les associations les voisins, les différentes directions de la ville, des dynamiques qui contribuent à donner forme au projet.
Quelle est la particularité de ce chantier ?
Ici on se trouve dans un cas particulier car il a été décidé de faire une préfiguration de la récupération de l’espace piéton sur les automobiles. Par conséquent le 10 avril on a posé des blocs de béton qui ont permis de récupérer 14 m à la voirie de 26 m, et de libérer 7000 m² d’espace piéton. Cet espace n’était pas dessiné à l’avance il était vraiment soumis à cette expérience de l’usage accompagné par le collectif. Cela a suscité de nombreuses idées qui fournissent un apport déterminant pour le dessin du projet d'aménagement technique.
Quelles sont les premières actions réalisées aujourd'hui ?
Tout d’abord on a commencé par une phase de démolition du trottoir existant.
en effet en récupérant 14m sur la voirie il n’avait plus grand utilité. On a donc invité les parisiens à une “demolition party” Il y a environ 500 personnes qui se sont mobilisées par tranches de sessions différentes, pour démolir une bonne partie de ces trottoirs et les remplacer par des plantations (gazon massif).
On réfléchit également en ce moment à quel type de bordure on va pouvoir dessiner par la suite pour remplacer les plots en béton (quelle épaisseur, comment ça va être planté …).
Quelle est votre approche végétale pour ce lieu ?
Aujourd'hui c’est une place qui est à 95 % plantée de marronniers notamment sur la périphérie. Ce sont des arbres précieux pour l’ombre mais qui ont un couvert très denses et ne sont pas très transparents sur les façades. On va donc travailler sur une autre strate plutôt arbustive, avec des essences à feuillage légers et clairs pour introduire une certaine diversité.
@ DR Schéma de l’impact du marronnier sur la vision , et la plus grandes visibilité de la strate arbustive
Comptez vous intégrez du mobilier “réemploi” dans cet aménagement ?
Le sujet du réemploi dans ce contexte est un peu délicat. D’abord pour une raison esthétique on souhaite éviter le mobilier “palette”, d’autant plus que dans l’espace public c’est extrêmement fragile. De plus le fait d'être dans une place avec usage intensif (manifestations), il faut construire solide durable, et facilement gérable par les équipes municipales. Du fait des derniers mois mouvementés politiquement la préfecture nous a demandé d’installer le moins de chose possible. C’est plutôt au mois de septembre que le mobilier va apparaître.
on va le faire dans le cadre d’un échange avec la ville de Madrid (conversion culturelle nommée Tandem) on va constituer une équipe internationale pour la fabrication de ce type de mobilier qui vont servir de support à l'événement nommé “siesta pride”.
En quoi consiste cet événement ?
Cet événement invite les parisiens à prendre un moment de pause pour vivre et penser autrement, mettre en exergue cette question du repos et de la pause dans la vie urbaine.
Et puis offrir la possibilité de se reposer quelque part c’est une excellent marque de la tranquillité de la sécurité. C’est un moment important de test, d’un espace public.

Au niveau du budget quel liberté avez-vous aujourd'hui ?
Une partie du budget est dédiée à une analyse sensible de l’espace : usages, perceptions
(lieux de tranquillité, les lieux les plus utilisés par les citoyens,...). Une autre partie du budget est dédiée aux ateliers participatifs (jardinage marquages, réalisations de prototype…). On regarde le projet comme une évolution progressive qui se dessine au fur et à mesure.
Comment combiner respect du patrimoine et innovation pour l'aménagement d’une place à Paris ?
Il y a quand même une volonté politique forte de travailler sur l’espace public un peu en temps que signature de cette mandature. C’est comme tout opération d'aménagement il y a une partie de modification de l’existant mais dans le respect de patrimoine et sa réactualisation. Si on ne détruis rien de patrimoniale on va je pense améliorer considérablement les qualités d’usages de la place, son esthétisme et sa capacité à accueillir des manifestations.

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